Tous les aéronefs, civils ou militaires, doivent périodiquement subir des visites de maintenance plus ou moins poussées, selon leur âge et leur utilisation. La réduction de la durée d’immobilisation est un facteur clé de succès, aussi bien pour les compagnies aériennes, que les forces armées ou encore les unités de la sécurité civile.

Pour cela, la mise en oeuvre d’une nouvelle approche de management de projets, appelée Chaîne Critique, a démontré sa pertinence dans différents cas.

La maintenance (MRO) des aéronefs se gère comme un projet

L'acronyme MRO désigne les trois types d’interventions que sont la maintenance, la réparation et la révision ; Maintenance, Repair and Overhaul en anglais, qui énoncées dans cet ordre sont des interventions de plus en plus poussées.

Les interventions nécessitant des visites approfondies suivent une logique de démontage, vérifications, tests, échanges, remontages et validations qui s’échelonnent en fonction de l'accessibilité aux différentes parties et organes à contrôler. Ceci se décrit comme un projet, avec un diagramme des différentes phases - le diagramme de Gantt - et peut se gérer comme n’importe quel autre projet.

Or durant les inspections, des anomalies, des usures ou des détériorations insoupçonnées peuvent être révélées, nécessitant des interventions supplémentaires et imprévues, donc non planifiées.

C’est là que l’approche Management de Projets par la Chaîne Critique se distingue de l’approche traditionnelle, dite du “chemin critique”, car elle est tolérante aux aléas tout en garantissant (sous certaines conditions) la tenue des délais annoncés.

Cela tient à la méthode de planification elle-même, qui mutualise les différentes marges de sécurité au profit du projet tout entier et à l’allocation de temps spécifiques pour les aléas appelés “findings” : les découvertes de problèmes imprévus. Ces allocations spécifiques sont dimensionnées en fonction des statistiques sur les maintenances similaires passées, l’âge et la connaissance des équipements à risque.

Testée sur les Transall de l’armée de l’air française

L’AIA (Atelier industriel aéronautique) de Clermont-Ferrand, l’un des quatre ateliers de maintenance du Service Industriel Aéronautique (SIAé), placé sous la tutelle du chef d'état major de l'armée de l'air et en charge du maintien en condition opérationnelle des avions, a appliqué l’approche Management de Projets par la Chaîne Critique avec succès sur les C160 Transall.

Les résultats du cas, publiés dans le magazine MESURES n° 818 d’octobre 2009 et présentés par les responsables lors d’une conférence à la Maison des Mines (Paris) en novembre 2013, sont éloquents : 

• Réduction du temps de maintenance avion de 15%

• Réduction de l’immobilisation de 150 à moins de 100 jours

• Réduction des avions en attente de 6 à 3

• Amélioration du taux de service de 87%

• Plus de 1000 heures de vols supplémentaires par an (et par conséquent réduction des besoins de locations de gros porteurs)

• Augmentation du “débit” des ateliers de 15% avec 13% de ressources en moins

• Un niveau de qualité inchangé

• Un quai de maintenance libéré

• Des améliorations en termes de qualité de travail et de management

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US Marine Corps

Les militaires comprennent bien l’intérêt de la réduction des durées d’immobilisation en MRO pour augmenter la disponibilité opérationnelle de leurs moyens.

Le centre de maintenance, Maintenance Center for the Marine Corps Logistics Base, à Albany dans l’état de Georgie, a lancé un programme combinant le Management de Projets par la Chaîne Critique et Lean en 2001. L’application concernait un éventail de véhicules spécialisés et a été présentée lors de conférences et de reportages vidéos

Les acteurs MRO civils également : le cas Lufthansa

Lufthansa Technik, le prestataire de maintenance du transporteur allemand, publiait sa propre expérience menée à Francfort dans son magazine de juillet/août 2013. Le Management de Projets par la Chaîne Critique est désigné comme la “formule magique” permettant de relever les défis d’interventions complexes, difficiles et très variées avec un préavis court.

La mise en oeuvre et les résultats ont été présentés lors d’une conférence en 2011, alors que le projet était toujours en cours. En ce qui concerne les délais des interventions lourdes, le présentateur rapporte 15 à 20% de réduction. La présentation est intégralement et librement accessibles sur la chaîne Youtube de Realization.

Marris Consulting et Embraer Executive Jets

Pour rester dans la maintenance aéronautique et à titre d'exemple, Marris Consulting a accompagné le centre de service d’Embraer Executive Jets Services de l’aéroport du Bourget. Avec une approche similaire, la durée des interventions (Turn Around Time / TAT) des jets a été réduite de plus de 50%, les retards de livraison ont presque été éliminés, la productivité a été améliorée de plus de 13% et le management des opérations a été notoirement simplifié. 

Si le terme “executive jet” évoque les avions privés de richissimes clients, il englobe aussi les “ambulances volantes” (Medivacs) utilisées pour les rapatriements sanitaires. On comprend que dans un tel cas, la réduction du Turn Around Time et l’amélioration de la disponibilité opérationnelle puisse se révéler particulièrement importante.

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Le site « Chaîne Critique » vous propose de découvrir cette méthode de management de projets issue de la Théorie des contraintes (TOC). Différente de l'approche du chemin critique, le Management de Projet par la Chaîne Critique (CCPM) est utilisé par les entreprises pour réduire la durée de leurs projets et augmenter leur productivité.